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Le lycée Lesage de Vannes abat les préjugés sur le genre et l’orientation sexuelle

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Le lycée Lesage de Vannes abat les préjugés sur le genre et l’orientation sexuelle

Divers

Deux jours durant, le lycée Lesage, à Vannes, a multiplié les ateliers avec l’association Contact, à destination des secondes. L’objectif ? Mieux accepter les personnes LGBT + et déconstruire les préjugés.

 

Michel est membre de l’association Contact, qui organise huit ateliers en deux jours au lycée Lesage, à Vannes. Une première pour l’établissement.

Il est 10 h, ce mardi 14 décembre. Dans la cour bétonnée du lycée Lesage, ça grouille, ça crie, ça rigole. L’ambiance est nettement plus studieuse dans la salle B00. Masques sur le nez, une quinzaine d’élèves de seconde sont installés. Deux membres de l’association Contact leur font face. « On va commencer par un petit jeu, pour voir ce que vous considérez comme normal, ou pas normal », détaille Sébastien, mains enfoncées dans les poches de son sweat noir.

Prévenir le harcèlement

Depuis la veille, l’association, qui lutte, entre autres, contre l‘homophobie et la transphobie, multiplie les interventions auprès des classes de seconde. Huit ateliers sont prévus en deux jours. Une première pour l’établissement, organisée à l’initiative de Kevin Saliou. « L’objectif, c’est de prévenir certaines situations, notamment de harcèlement, détaille le professeur de français et de théâtre. Pour des élèves LGBT +, c’est important de savoir que des adultes sont présents pour eux au lycée ». En deux heures, la norme est interrogée. Les discriminations disséquées. Les genres et orientations sexuelles détaillés.

Hétéro, bi, pansexuelle, non binaire, cisgenre, intersexe, aromantique, gender fluid… Les élèves ont entre 15 et 16 ans et en savent - presque - plus que les deux membres de l’association. Les filles lèvent davantage la main. Dans la salle, pas de moquerie, ni de rires gênés. Sauf peut-être, quand il est question d’hermaphrodite. « Ce n’est pas plutôt pour les escargots et les poissons rouges ? », s’amuse l’une des lycéennes.

Ne pas garder ses angoisses

L’ambiance se fait plus intimiste lorsque Yolande Miel, prend la parole. Mère d’un enfant transgenre, lycéen à Lesage, qui s’est suicidé, elle retrace la délicate transition de Clara, devenue Maxence. Elle raconte, aussi, son ressenti en tant que mère. « C’est parfois difficile d’avoir des ados. On a beaucoup de mal à cerner vos sentiments, souffle-t-elle, de sa voix douce. Si vous êtes transgenre, homo, parlez-en à vos amis, à votre famille, à vos profs. Ne gardez surtout pas vos angoisses pour vous ». Son livre, « Maxence ou le journal d‘un mec bancal », passe de mains en mains, pendant que l’atelier reprend son cours. Homophobie, personnes intersexes, la place de la femme dans le porno…

« Primordial, si on veut intégrer tout le monde »

Sur chaque sujet, les réflexions des lycéens, construites et matures, font mouche. Titouan, 15 ans, avait discuté de l’atelier en amont avec sa mère. « Elle a trouvé ça bien que l’on puisse parler de tous ces sujets au lycée. Et j’ai appris des choses que je ne connaissais pas », note l’adolescent. « On n’est pas très informés sur ces sujets », regrette Maïwenn, 15 ans, qui se désole de ne pas avoir de « vrais cours » d’éducation sexuelle. « Là, c’est super intéressant et c’est primordial si on veut intégrer tout le monde ».

À l’issue des deux heures, le sourire du professeur se lit derrière son masque. « On est de plus en plus habitués à voir des élèves engagés, qui connaissent tous ces sujets, relate-t-il. Quand je vois leurs réactions aujourd’hui, c’est porteur d’espoir ».

Le Télégramme 14 décembre 2021